CMV et grossesse

On vous avait parlé des chats, des steaks tartare et des fromages non pasteurisés… Mais saviez-vous qu’il est également déconseillé de finir la cuillère ou l’assiette de votre petit dernier ??? Tout ceci à cause d’un virus, le cytomégalovirus, également appelé CMV.

Ce virus, très fréquent, est habituellement bénin. C’est le plus souvent pendant la petite enfance que l’on contracte le CMV, sans aucun symptôme la plupart du temps. La contamination s’effectue lors de contacts étroits par le biais de la salive, des urines, des larmes. Par ailleurs, l’enfant peut continuer à excréter le virus dans ces secrétions corporelles durant des mois après son infection. Ceci explique que les jeunes enfants gardés en collectivité sont fréquemment porteurs du virus. Par ailleurs, une transmission sexuelle est également possible.

En France, 50 à 60 % des femmes enceintes ont déjà contracté ce virus par le passé.

Le principal problème se pose lorsqu’une femme enceinte, qui n’était pas immunisée avant sa grossesse, contracte le CMV. L’infection pour elle-même est bénigne, mais le fœtus peut être contaminé, avec des conséquences variables selon le moment de la grossesse où a lieu cette transmission : plus l’infection a lieu tôt au cours de la grossesse, plus l’infection fœtale risque d’être grave.

Globalement, lorsque la femme s’infecte pour la première fois au CMV durant sa grossesse, le fœtus est également touché par le virus dans 30 à 40 % des cas. Parmi ces cas, 10 à 15 % présentent des symptômes visibles à l’échographie. Et parmi ces fœtus symptomatiques, 30-40 % présenteront des séquelles graves. En cas d’infection asymptomatique à l’échographie, le risque de séquelles « mineures » à type de surdité est de l’ordre de 5 à 15 %.

Que se passe-t-il lorsque la femme a déjà rencontré le CMV avant sa grossesse ? Le risque est beaucoup moins grand, bien que pas tout à fait nul : elle peut se contaminer avec une souche différente du virus, ou bien réactiver la souche qui l’a déjà infectée. Dans ces cas, le risque de transmission au fœtus est faible de l’ordre de 0,2-2 % avec risque très faible de séquelles (1 %).

Au total, environ 1 % des nouveaux-nés sont porteurs du CMV lors de leur naissance, la plupart heureusement sans aucune séquelle.

Que faut-il faire alors pour se prémunir du CMV ? Il n’y a malheureusement pas de vaccin disponible et pas de traitement validé, bien que des études soient en cours.

Les examens de laboratoire ne sont pas non plus systématiquement recommandés, contrairement à d’autres maladies comme la toxoplasmose ou la rubéole : en effet, leur interprétation n’est pas toujours aisée.

En revanche, des précautions d’hygiène sont recommandées pour les femmes enceintes « à risque », ainsi que leur compagnon (du fait de la transmission sexuelle possible). [Avis du Conseil supérieur d’hygiène publique de France, 8 mars 2002].

Alors, qui est à risque ? Les femmes enceintes ayant déjà un ou plusieurs enfants de moins de 3 ans, gardé(s) en crèche ; les femmes enceintes travaillant elles-mêmes en crèche ou en collectivité avec de jeunes enfants.

Que faut-il faire si vous êtes dans ce cas ?

  • Il ne faut pas sucer la cuillère ou la tétine, ou finir le repas des enfants de moins de 3 ans.
  • Il ne faut pas partager les affaires de toilette (gant de toilette) avec des enfants de moins de 3 ans.
  • Il faut également limiter le contact buccal avec les larmes et/ou la salive des enfants de moins de 3 ans
  • Il faut enfin se laver soigneusement les mains après chaque change ou contact avec les urines (couche, pot, pyjama…) des enfants de moins de 3 ans.

Ces quelques précautions d’hygiène vous permettront de limiter les risques et de passer une grossesse aussi sereine que possible !

Auteur : Dr Anne-Laure AUGROS (biologiste médicale)